Extraits de l'entretiens de Georges Charbonnier avec Merleau-Ponty.
-Extraits des 4 h 45 d'entretiens radiophoniques avec Georges Charbonnier, diffusées du 25 mai au 7 août 1959-
Merleau-Ponty, Entretiens radiophoniques avec Georges Charbonnier, Oeuvres, Gallimard, Quarto, 2010.
"Quand je me souviens de mon enfance, je me souviens du bonheur. Je n'ai pas eu une enfance déchirée. (...) Freud disait que c'est un secours extraordinaire pour un être humain d'avoir été aimé. (...) J'ai eu ce secours aussi pleinement qu'on peut l'avoir. Il en résulte une espèce de loisir: je n'ai jamais été pressé, je n'ai jamais eu l'impression qu'il importait d'être un adulte tout de suite. (...) Je n'ai pas eu cette espèce de hâte que je vois chez certains jeunes gens d'à présent. Et pas non plus cette difficulté d'être avec soi-même qui est si répandue chez eux."
"Certains deviennent philosophes parce qu'ils sont le siège de conflits, parce qu'il y a en eux des tendances contradictoires. Alors, ils ont besoin d'arbitrer ces tendances ou de choisir entre elles. Ce n'est pas du tout mon cas. J'ai conçu la philosophie non pas comme un drame (...) mais plutôt comme quelque chose d'assez apparenté, en somme, à l'art, c'est-à-dire comme une tentative d'expression rigoureuse de faire passer en mots ce qui d'ordinaire ne se met pas en mots, ce qui quelquefois est considéré comme de l'ordre de l'inexprimable. Voilà le genre d'intérêt que la philosophie suscite chez moi d'emblée."
"Ce qui définit le philosophe, c'est toujours l'idée que l'on peut comprendre l'autre, que l'on peut comprendre l'adversaire."
"La philosophie ne serait pas ce qu'elle est s'il n'y avait pas chez les philosophes cette intention, non pas seulement de se poser, mais de comprendre ce qui n'est pas eux et de comprendre au besoin ce qui les contredit."
-Extractos de las 4.45 hs de entrevistas de radio con Georges Charbonnier, transmitido desde el 25 de mayo al 7 de agosto de 1959-
"Cuando me acuerdo de mi niñez, recuerdo la felicidad. No tuve una infancia desgarrada. (...) Freud decía que era un auxilio extraordinario para un ser humano haber sido amado. (...) Yo tuve este auxilio tan plenamente como se puede tenerlo. El resultado es una especie de ocio: yo no he sido jamás impaciente, nunca tuve la impresión de que era importante llegar a ser un adulto enseguida. (...) Yo no he tenido esta especie de prisa que yo veo en cierta gente jóvenes del presente. Y tampoco esta dificultad de ser con sí-mismos que es tan difundida entre ellos."
"Algunos se convierten en filósofos, porque ellos son la sede de conflictos, porque hay en ellos tendencias opuestas. Por lo que necesitan mediar estas tendencias o elegir entre ellas. Este no es del todo mi caso. Yo he concebido la filosofía no como un drama (...) sino más bien como alguna cosa bastante emparentada, en definitiva, al arte, es decir, como un intento de expresión rigurosa de poner en palabras lo que de ordinario no se pone en palabras, lo que a veces se considera como del orden de lo inexpresable. Este es genero de interés que la filosofía suscita en mi desde el principio.".
"Lo que define al filósofo, es siempre la idea de que el puede comprender al otro, que se puede comprender al adversario."
"La filosofía no sería lo que ella es si no hubiese en los filósofos tal intención, no sólo de poseer, sino de comprender lo que no es ellos y de comprender si es menester lo que los contradice."
No hay comentarios:
Publicar un comentario